Et pourquoi la bière?

Au lieu de mettre en ligne mon CV, j'ai décidé de vous parler de la genèse de mon amour pour la bière, qui parlera bien plus facilement du pourquoi j'en suis arrivé là.

Septembre 2014 - Londres, UK
Fraîchement expatrié pour une expérience de deux ans, me voilà pour la première fois devant la porte d'un lieu emblématique. Non, ce n'est ni Big Ben, ni le London Eye, mais simplement l'entrée d'un pub.

Je pousse cette porte en bois rouge écaillé, et pénètre dans une ambiance unique, mêlant chaleur moite, relents de bière et bien sûr, la simple mais marquante odeur de l'humain.
La télévision diffuse un match de foot pour deux spectateurs : bérets vissés sur la tête, assis dans un coin de l'établissement, avec leur canne dans une main et leur pinte dans l'autre. Bien évidemment, ils ne sont pas d'accord avec l'arbitre et s'engueulent avec un accent difficilement compréhensible pour un français fraichement arrivé.


Le pub, c'est bien plus qu'un simple endroit où boire un coup.
C'est le melting pot britannique à son meilleur, un lieu où cols blancs et cols bleus se rejoignent sans distinction, pour un objectif commun : soutenir son équipe de rugby, profiter d'une mousse en sortant du boulot ou simplement se mêler à ses compatriotes dans ce lieu socialement unique, bastion d'un pan culturel du Royaume-Uni.

En m'approchant du bar, surprise, 10 becs de bières et de cidres, dont certains noms ne ressemblant à rien que je connaisse.
Bien évidemment, les grandes marques y ont la part belle, mais elles côtoient des brasseries et des styles dont j'ignorais l'existence jusque là.
Il faut se souvenir qu'en 2014 en France, à part dans quelques lieux confidentiels, la bière se résumait à un ou deux becs de blonde industrielle dont je tairai les noms.

Afficionado du papotage et globalement curieux, j'en demande plus au barman. Il me répond fièrement, si heureux de partager un peu de sa culture avec un "froggie" et son accent à couper au couteau : "Ici, nous proposons 6 bières crafts des alentours de Londres, dont une cask!"

Craft, cask... Autant de nouveaux mots pour désigner ce qui pour moi est quelque chose de simple : une bière.
Courageux, je décide de me lancer directement sur la fameuse cervoise tiède, fierté de la perfide Albion ! Et une cask sir!
Tout en me servant avec sa pompe à main, il m'explique que cette bière traditionnelle se sert à température ambiante et n'est pas poussée avec du gaz, contrairement à l'immense majorité des bières pression. Il m'apprend que cette bière est refermentée et servie directement dans le cask, ce tonneau/fût, et n'est pas carbonatée artificiellement.
Sans me quitter des yeux quand j'approche le verre de ma bouche, il me demande "alors?"

Il était là le déclic, ce moment où tout s'accélère dans sa tête, où le champ des possibles s'ouvre soudainement dans son infinité ! La bière, ça peut donc être ça? Mais quels goûts reste-t-il à découvrir? Comment est-ce qu'on fait de la bière en fait?

Oui, c'est un poil exagéré et quelque peu romancé, mais le moment de mon choix de tout arrêter pour empoigner le fourquet se situe quelque part par là.

De ce moment, j'ai tout mis en œuvre pour pouvoir travailler la bière : brassage amateur, changement professionnel, formations sur le tas...
On apprend, on s'améliore, on expérimente, puis un jour, on se sent à sa place, à manipuler un produit un peu magique, à commercialiser sur des circuits alternatifs et à découvrir le plaisir unique de l'artisanat, de créer avec ses mains, et on devient humble devant le boulot des autres.

A mon retour en France en 2016, je deviens donc assistant brasseur pour la brasserie gessienne à Gex (01) , puis responsable commercial et opérationnel à la Ferme-brasserie la Soyeuse à Rontalon (69) pendant 6 ans.

Enfin, à 39 ans, je décide de faire un nouveau pas dans l'univers brassicole, d'aller vers une matière que j'ai touchée du doigt lors de mes nombreuses années au sein de la Soyeuse et qui m'a apporté énormément de plaisir : la transmission du savoir et de l'expérience.

Et puisque rien ne prédispose plus au conformisme que le manque de formation (Gustave Thibon) et qu'on se lasse de tout, sauf de connaître (Jean Rostand), me voilà, prêt à partager un peu des secrets ancestraux de la bière.

Ma méthode

La bière est, et doit rester un produit convivial. Nous sommes en 2023 à l'heure où j'écris ces lignes, et je suis intimement persuadé que l'inclusion et la compréhension passent par la facilitation et la vulgarisation.
J'ai un énorme respect pour le produit, et le rendre abordable en en parlant simplement n'enlève rien à sa noblesse !

Je vous apprendrai donc la bière comme je l'apprécie, d'une manière ludique et enthousiasmante !

Ma raison d'être

Travailler dans le monde artisanal m'a fait prendre conscience de ce qu'implique le "bien fait".
J'essaie donc de transmettre un peu plus que des méthodes lors de mes interventions, en parlant du monde des artisans, des circuits de commercialisation alternatifs ou de comment produire mieux ou à défaut, à impact moindre.

Parce qu'il n'existe rien de mieux qu'un produit délicieux et en accord avec sa philosophie.